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A partir de 1825, l’essor touristique de la ville est dû à l’engouement d’artistes et d’écrivains
qui cherchèrent à nourrir leur inspiration ailleurs qu’à Paris. En la circonstance, le découvreur
du Trouville mondain et balnéaire fut le peintre Charles Mozin (1806-1862).
Mais en ce matin froid de Janvier 1903, ce n’était certes pas à Mozin qu’il pensait, Alfred-Henri Sénécal,
dit Bombarde, en longeant Les Ecores. Dans son logis aux trois pièces superposées, il laisse une femme taciturne
à force de soucis et ses quelques bambins affamés : « Les pauvres gens » de Victor Hugo sont encore et toujours là.
Au passage, il va être rejoint par son matelot Tit Cul, et tous deux vont se hâter de descendre au port pour
monter à bord de LA LUNE, le bateau de Sénécal, avec l’espoir toujours renouvelé de faire une bonne marée de
crevettes et de Flondes (carrelet).
Bombarde et Tit Cul ne sont pas les seuls à avoir un sobriquet, tous les pêcheurs en ont un. Beaucoup d’autres
célébrités sont cachées parmi les pêcheurs trouvillais dont les sobriquets pourraient aussi fièrement s’inscrire
aux plaques des rues. Ainsi, les horzins (ceux qui viennent d’ailleurs) qui flânent chaque semaine et à l’époque
des vacances le long des quais ou aux abords de la poissonnerie, seraient bien surpris d’apprendre qu’ils côtoient
Bombarde et Tit Cul.
Avec son modeste LA LUNE, Bombarde ne s’éloignait guère de la côte, il prenait la mer pour une marée.
Comme tous les pêcheurs, pour affronter la mer hostile quand on songe à son embarcation rudimentaire,
Bombarde était grié de la tête aux pieds (bien couvert). Il avait le plus souvent une vareuse de fro
(drap marin), et se coiffait d’un bonnet bleu et blanc fait en laine. « I pœu fèr fré, ki dizé, j’siœ ben grié »
Quand il y avait d’la ploè (pluie) ou d’la broen (bruine), il changeait de tenue : il portait alors un karik
(sorte de caban) et un serwé (suroît : chapeau en ciré). Comme tous ses compères, Bombarde portait de grands bas
de couleurs chinés, tricotés par les femmes. il portait des bottes et s’enveloppait d’un tablier ciré.
La tenue du matelot n’aurait pas été complète sans le fulàr qu’il portait le dimanche mais qui se réduisait
en semaine à une écharpe de laine appelée cravate.
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